jeudi 8 avril 2010

L'île à Vache



Dimanche 4 avril:
Pas de nouvelles depuis 3 jours car nous étions tout simplement hors du temps, loin de tous ce que l'on connaît, loin des paysages déjà fabuleux de la Caraïbe, loin d'imaginer qu'un tel endroit sur terre existe: ici, à l'île à Vache, au sud d'Haïti, sur cet ancien repère de pirates.
Lorsque qu'on longe la côte par le sud en arrivant vendredi matin, on aperçoit aux jumelles des plages magnifiques, quelques petites cases éparses. On mouille à port Morgan qui se présente comme un bon trou à cyclone, 4 voiliers sont déjà mouillés. L'hôtel de Didier dont on nous a tant parlé est là à 50 brasses de nous mais n'imaginez pas le complexe avec piscine et tout le tintouin, juste quelques bungalows, bien intégrés dans la nature, discret. Internet ne fonctionne pas depuis 15 jours, peut-être n'est ce pas plus mal
Notre collecte représente 2 gros sacs à dos et des cabas, alors nous demandons aux locaux de nous trouver une barque à moteur pour nous mener jusqu'à l'orphelinat de Sœur Flora, à Dame Bernard. Après négociation (25 dollars us quand même), remplissage de la nourrice (1 gallon et demi de notre essence + mélange) et 45 min de navigation pour remonter la côte, nous mettons pied à terre dans ce village.

C'est le week-end de Pâques: à l'heure où l'on se présente, Sœur Flora participe à la cérémonie religieuse et porte la croix avec les locaux, prières et chants viennent troubler le calme de l'endroit.
Nous déposons nos affaires à Lionel Joseph qui nous fait visiter l'orphelinat, les enfants sont très accueillants, ils cherchent nos mains, nos bras, nos sourires; beaucoup d'entre eux sont handicapés, les "ti-moun pa bon" comme ils disent....

Jean et Jules reviendront demain samedi pour recueillir un témoignage de Sœur Flora.

Pour revenir au bateau, une longue marche nous attend... alors nous prenons le chemin.

Plus qu'une ballade, cette traversée à pied de l'île est un ravissement pour nos sens, pas un bruit de moteur, ni voiture, ni groupe électrogène, ni klaxon, les odeurs du charbon qui brûle en vue du repas du soir, les anses et baies qui se succèdent sont de toute beauté, et tous ces gens, affairés à ne rien faire, en communion totale avec la nature. Ici l'homme est en harmonie avec la Terre.
Évidement, ils manquent de tout mais cette misère là me semble plus acceptable qu'ailleurs...


L'anecdote:
Hier matin, les gars demandent au village si il y a des cérémonies vaudou organisées ce soir et où cela se passe? Un homme leur répond que "oui, il y a", "là-bas, dans cette maison là". "OK très bien, on viendra voir si c'est possible". Il répond "oui, bien sûr". Le soir venu, il fait nuit noire, on part avec nos frontales et on se dirige vers le son du tam-tam, au loin on aperçoit une bougie, une quinzaine de personnes, musiciens et danseurs sont autour, sous une paillasse qui fait office de toit. On se fait discrets, la grand-mère nous voit, nous sort 3 chaises, l'accueil est chaleureux, ils continuent de danser. Au bout d'une bonne heure, les moustiques ont raison de notre intérêt pour cette cérémonie et nous nous levons pour partir. Les gars voulaient s'éclipser, je leur dis que c'est mieux de prévenir la grand-mère de notre départ et de la remercier. Sauf que là elle me créolise dans les oreilles, "pourkoi merci, c'est pour vous cette cérémonie,... donne moin argent..." Aïe! on hallucine. Ils disent avoir organisé cette soirée uniquement pour nous. La musique s'arrête, les danseurs également, nous voici encerclés au niveau du portail à tenter d'expliquer à Karma qui parle français qu'il y a eu un gros malentendu...lui comprend, la plupart des gens comprennent mais la vieille, elle, ne veut pas comprendre..Après une longue explication, on finit par pouvoir partir, tous les invités nous suivent pour profiter de nos frontales pour rentrer.
Le lendemain matin, on apprend que la grand-mère est toujours folle furieuse de s'être fait avoir. Finalement...un simple malentendu.
Dimanche soir, 17H, on se prépare à prendre la mer pour rejoindre la pointe sud-ouest, vers Dame Marie, mais il paraît que ça craint un peu...des histoires et des rumeurs de pillages de voiliers, nous aviserons, car ce n'est pas dit que la météo nous permette l'escale.

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