dimanche 30 mai 2010

dimanche 30 mai




Reste 350 miles
brouillard...
un peu de vent....
espérons arriver mercredi ou jeudi....
plus de 5000 miles depuis le départ de gwada....

samedi 29 mai 2010

29 mai toujours en route




Samedi 29 mai, midi comme chez vous, 44°39N 15°49W, vent arrière 20nds et temps tout gris, 495 miles restant.

Nous vlà les amis, nous vlà! C'est que l'temps gris ça fait revnir les racines, on s'dit kc'est dlà qu'on vient! Tout c'soleil et tout c'rhum ça en fait oublier des choses. J'me dmande si la noireaude é va me rconnaître. Normalement quand jl'appelle elle arrive en courant du bout du champ, la mamelle qui ballotte d'un côté et dl'autre. Mais là pt'être qu'elle y restera au fond du champ en s'disant "mais c'est qui c'connard, va m'laisser brouter tranquille".En tout cas, l'bon camembert qu'elle m'fait la noireaude, jl'attends d'pied ferme.
Et p'y yaura tout l'village. Y diront tous de loin, "tiens il est revnu". Et les alcooliques du port, ah eux pt'être qui me rconaîtront pas. Sont toujours saouls et pi, un nouveau bateau, une femme et les chveux longs. Sûr qu'ils auront l'impression de l'avoir déjà vu quelque part le gaillard, mais alors où?
Bon ya plus à frimer et à dire qu'on est au niveau du Maroc ou de Miami, sur la route des Bermudes ou de je ne sais quelle contrée exotique. On est au niveau d'la France. C'est moins poétique ma ça fait du bien! Dans quatre jours on devrait voir
Ouessant et sentir la terre, les oiseaux, les vaches et pt'être même les crêpes et le cidre! En tout cas pour un presque mois de juin ça caille dur, il fait tout gris. Quand j'pense qu'ils appellent ça le printemps, j'me dis que l'hiver aux Antilles c'est pas si mal. La mer à 13° et les vacances estivales qui commencent dans un mois, ça c'est comme quand il n'y a pas de neige à Chamonix au mois de décembre. Encore des vacanciers qui vont gueuler!
En tout cas ça va faire du bien de dormir à plat, d'aller se promener, de revoir tout le monde et de plus faire de quarts de nuit. Quoique. Avec Pépette qui arrive (nan vous inqu'iétez pas, c'est pas comme ça qu'on va l'appeler, c'est parce que
c'est encore secret!) les quarts de nuit vont vite reprendre. Et puis il faudra préparer sa chambre. Cogiter à un système de lit de bébé adapté pour éviter qu'elle se fracasse la tête en mer. Et tout plein d'autres choses comme ça. Travailler un peu
mais pas trop (d'ailleurs si quelqu'un a des plans pour un job qui prend pas trop de temps et qui rapporte plein de fric, ça m'intéresse).
Bon j'veux pas vous déranger d'vant les infos, de toute façon on arrive, alors j'vous appelle quand on est là!

Jules

jeudi 27 mai 2010

27 mai...reste 730 miles...




le concours pour les pronostics d'arrivée est ouvert!!!!

mercredi 26 mai 2010

26 Mai A trois jours de mer de Horta




26 mai 2010, 41°22N 22°22W, mer belle au milieu de l'anticyclone... au moteur.

Nous avons quitté Horta dimanche après une bonne escale bien méritée, le temps de se refaire un stock de sommeil, de profiter de quelques nuits à plat, de vérifier que tout va bien sur le bateau, de bricoler un peu, de refaire un bon avitaillement et de passer toutes nos soirées chez Peter, au Café Sport.
Mais ce n'est qu'une escale. Au bout de quelques jours, elle n'a plus le même sens ni la même saveur. Le steak n'est plus aussi bon, la bière non plus. D'autres trognes de marins sont arrivées, certaines rencontrées à l'arrivée sont déjà reparties. Alors au bout de cinq jours on fait presque déjà partie des anciens et on se dit, soit on fait comme Peter, on ouvre un resto et on reste là, soit on repart. Donc on est repartis.
Dimanche matin on est prêts, le bateau est en ordre et tout fonctionne. Une bonne grosse dernière douche, la météo est pas si mal, on décide de larguer les amarres.
Ah oui j'oubliais, l'équipage a changé, Bruno est rentré en France pour chercher du boulot et Jean et venu le remplacer. Jean je l'avais rencontré à Caen, avant même d'avoir un bateau. Je lui avais parlé de mes idées de voyage, que j'avais rencontré une demoiselle avec qui je serais bien parti un jour. Et puis j'ai acheté Vaille que Vaille, il m'a filé des tuyaux et des coups de main. On s'est retrouvés aux Antilles après avoir chacun traversé sur nos bateaux respectifs. Il pourrait bien être le parrain de l'aventure. En tout cas c'est chouette qu'il soit là!
Donc nous sommes parti dimanche, dans 15 nds de vent de nord, au près. Même dans les petits air, ça donne toujours une impression d'être dans un shaker. D'ailleurs Jean a raté une manœuvre dans le bateau et m'a gentiment réveillé en m'envoyant l'intégralité de son bol de flocons d'avoine sur la tête. J'allais pas me plaindre, moi j'avais pas mal. Et depuis hier soir, c'est calme plat jusqu'à normalement ce soir. On devrait toucher des vents de sud-ouest pendant plusieurs jours, espérons jusqu'à l'arrivée! Ça veux dire un bon tapis roulant, rapide et confort.
Il est à bord la même heure qu'en France, ça caille autant, on mange de la potée au lard. Ça sent l'arrivée!!!
Jules

mercredi 19 mai 2010

En Escale aux Açores



19 mai, 18h, Horta

21 jours et 12 heures, 2750 miles et 5,3 nds de moyenne. Ça fait trois semaines entières sans voir un bout de caillou. Alors l'escale elle est bien bonne!
On est arrivés au petit matin hier, avec un ciel plus que bas et des rafales à 30 nds dans le port. On nous fait signe de mouiller en attendant l'ouverture de la capitainerie. Un bateau voisin arrivé en même temps que nous est passé me prendre en annexe pour aller faire les formalités. On nous a attribué une place de port. "En acier?" me dit le marin de la capitainerie, "alors tout au fond..." (cqfd là où vous risquez pas d'en écraser un). Et pourtant, on bien failli allonger l'escale du temps de réparation d'un catamaran, pour coque perforée par une corne de bison... Un cata réformé de l'UCPA de Guadeloupe, avec une bande de branquignoles à bord qui ne semblaient pas avoir compris qu'ils avaient deux moteurs, une barre et surtout une marche arrière... Bref ils sont pas passés loin du naufrage dans la marina!

Katanka à quai, amarré, à couple de Antartica, un gros voilier, en acier aussi, un monstre taillé pour les mers du sud. On apprend qu'ils partent dans une heure, fait chier il va falloir refaire une manœuvre avec ce vent, pas gagné dans un espace si petit. En fait non, ils ne partiront pas. Ils ont peur parce qu'il y a trop de vent... Ils arrivent d'Antigua, vont sur les Baléares et ce magnifique bateau de grand voyage ne verra jamais plus un glaçon ou un vent de plus de 25 nœuds, c'est comme les 4X4 à Paris, un non sens. D'ailleurs un jour et demi après il n'a toujours pas bougé. Il y a trop de monde au ponton gasoil. Trop compliqué de faire la manœuvre...
En face du bateau, les douches! La dernière datait d'un mois, celle d'avant de deux... Mais celle-ci était chaude! Alors je vous laisse imaginer qu'elle était bonne!
Et puis c'était l'heure de manger, direction le café sport, chez Peter. C'est le repaire des marins en escale. En fait il n'y a que des marins, pas un autochtone. Les gens qui sont là viennent tous de traverser l'Atlantique et ont tous le même fantasme du gros steak et d'une bonne bière. Ils ont tous envie de rencontrer d'autres gens que les deux ou trois personnes avec lesquelles ils viennent de partager 10m2 pendant trois semaines, si sympas soient-elles! Ils sont là depuis un jour ou deux et partent dans guerre plus de temps. Toutes les chaises ont une veste de quart suspendue, les visages sont tirés, un peu rougeauds des effets du sel. Et tous partagent la même envie de passer une bonne soirée, un peu excessive. Alors on se raconte comment on a vécu les jours de baston. Certains arrivaient d'assez sud et ne semblaient pas avoir trop souffert. Mais dans l'ensemble tout le monde s'accordait à dire que c'était pas drôle. La palme d'or revient tout de même à un suisse, équipier avec son père sur un bateau d'amis: (avec l'accent suisse)"Nous on est des marins d'eau douce, on est pas habitués à ça! Quand j'étais à la barre à me prendre la mer sur la tête, je me disais mais qu'est ce que je fous là... C'est vrai, tu verras jamais ça sur le Lac Leman!"

Et pendant que le Suisse me déversait tout son stress des derniers jours, j'entends un grosse voix qui crie "Julien, nom de dieu Julien"! Et voilà, Thomas, le broker qui nous a vendu Katanka en Martinique. Alors on boit des verres on se raconte ce qui s'est passé pour nous depuis un an et demi. Moi j'ai retapé le bateau, lui il fait maintenant du convoyage. Deux heures du matin, le bar ferme. Alors je suis Thomas et toute une bande de marins un peu ivres. On va finir la soirée sur le bateau qu'il convoie, le sailing yacht de 33m tout en carbone d'un milliardaire Turc. Belle machine. 5 membres d'équipage en permanence. En méditerranée l'été, aux Antilles, aux Galapagos ou aux San Blas l'hiver. Un petit caprice à 10 millions d'euros...
La soirée se terminera à six heures du matin, 24 heures après l'entrée de Katanka dans le port.
C'est toujours comme ça une première soirée aux Açores.

samedi 15 mai 2010

Concert de la mer ou cancer de l'amer...



 15 mai 12h30 UTC-1, 39°36N, 37°00W, musique classique plutôt contemporaine,
pas très mélodique.

La musique de la mer c'est très varié. Tous genres de sonorités y résonnent. Un petit classique en partant, un petit rock pour se délier les jambes, une petite valse pour le soir. Depuis quelques jours c'était plutôt genre rap américain. J'aime pas. A l'affiche pour la nuit dernière un grand concert de musiques de déjantés. On s'était dit, bah pourquoi pas ça va changer! En fait je crois que je vais porter réclamation, c'était vraiment mais alors vraiment pas ça qu'on voulait. Une musique complètement désorganisée. C'était à celui qui ferait le plus de bruit et le plus de singeries. Enfin les deux plus fous c'étaient le vent le les vagues. Oiseaux, poissons, tortues, dauphins ou baleines étaient absolument inaudibles. Le vent criait, Katanka se bouchait les oreilles, les vagues sautaient il ne savait plus où se mettre pour être bien. Tous deux se renvoyaient sans cesse la balle. Le vent sifflait, les vagues roulaient, le vent tournait, les vagues se croisaient.
Refusant d'affronter un tel vacarme, il est parti en courant, très vite, toute la nuit, dos à tout ce vacarme espérant que tout allait s'arrêter bien vite. C'est costaud un bison, mais là il en menait pas large. Et nous là dedans on lui disait "Vas-y, galope c'est insupportable ce vacarme, mais fais attention à là où tu marches ça glisse fort et la mer, énervée comme elle est risque bien de t'en mettre une sur les fesses". C'était pas faute de l'avoir prévenu, il y a eu droit quelques fois mais bien vengées par deux trois coups de sabots bien placés, héhé malin l'animal!
Et au petit matin, à force de courir, la musique s'est arrêtée. Enfin. On a tous profité de ce moment de calme pour se détendre un peu et c'est Bernard qui était chargé de surveiller la bête presque  assagie. Un moment de calme si bon. Et non il a fallu que cet abruti de musicien du dimanche de vent remette sa couche!
On avait dit "c'est bon ça suffit, assez"!
Normalement c'est quand le public en redemande que l'artiste revient. Cette espèce de rockstar manquée recommence, seul sur scène, avec nous comme seul public et là, vengeance, il met tout à fond. Un accord à quarante noeuds et la suite à cinquante. Le pauvre Katanka n'a jamais galopé aussi vite et a même fait une glissade à douze noeuds. Et puis d'un coup plus rien. Ca s'est  arrêté comme ça, je crois qu'un Dieu bienveillant a dû trouver le bouton stop de son ampli, en acoustique
ça fait moins de bruit! Tout ça n'est pas encore vraiment harmonique mais ça devient audible. Il paraît qu'il va prendre des cours et que ça va s'arranger. De tout ce concert, il reste encore la mer qui se dandine encore d'une grande houle croisée, quelques crêtes de vagues qui frétillent. En s'accordant un peu ça devrait le faire.
Depuis, il fait beau. Bottes et cirés sèchent au soleil. Kantanka respire capots ouverts et l'équipage récupère. 
Que d'émotions! Mais ça c'est sûr on reviendra pas!

Julien Bernard Bruno et le Bison fou.

Katanka et son baptême de gros temps



14 mai 16h UTC-1, 38°47N 38°55W, vachement de vent.

Voilà, on y est, et c'est parti pour jusqu'au milieu de la nuit. Ça faisait trois jours qu'on guettait ça: mer grosse, 30-35 nds de vent (force 7 à 8), vent et houle de travers, 4 à 5m de creux. 4 ris dans la grand voile, inter arisé et des vagues qui de temps en temps décident non pas de passer sous le bateau mais par-dessus.
Cette nuit le joint du grand panneau de pont a décidé de faire grève. Ça veut dire un gentil petit ruissellement qui à chaque vague venait tremper le duvet et les pieds du capitaine... Hum quelle belle nuit!
Alors au lever du jour, atelier étanchéité du bateau, colle anti-fuite, joint sika et hop, c'est étanche. Et on en est bien sûrs étant donné les mètres cubes d'eau qui passent sur le bateau.

Sinon toujours pas de côte de bœuf, si ça continue on va finir par lui tailler un steak à notre bison!

Bon et après c'est tout droit vent dans le dos qu'y dit le fichier météo, on tient le bon bout!

Jules

jeudi 13 mai 2010

Un jour tout gris




13 Mai, 16h UTC-2, 38°15N 41°35W, temps pas beau, du tout!


Il est des jours où on se dit qu'on serait mieux devant un bon feu de cheminée, des jours comme aujourd'hui. Temps gris, trop de vent ou pas le bon sens puis la pluie qui s'y met par moment.
Ah on en est bien loin des Caraïbes. J'imagine qu'ils doivent se la couler douce là-bas... Et on a vraiment aucun doute sur le fait qu'on se rapproche de la France. Deux jours qu'on est penchés, que quand on verse l'huile dans la salade ou l'eau chaude dans la cafetière, il faut verser en dehors de l'évier pour que ça tombe juste. Mais là où ça devient technique c'est que l'angle de dérivation du liquide dépend de chaque vague et que les vagues ont la fâcheuse tendance à vous envoyer du côté opposé à la cafetière. Si vous faites des œufs sur le plat, cela devient de la grande maîtrise que de bien répartir les jaunes au fond de la poêle. C'est pour cela que le cuisinier en chef, en l'occurrence moi, a décidé de suspendre un temps les compositions gastronomiques pour les remplacer par des mets plus simples: pâtes, soupes en sachet ou autre boite toute prête et déjà l'arrivée dans une assiette sans incident est un sérieux coup de chance!
Ce matin Katanka marchait fort, il galopait même. A tel point que Georges n'arrivait plus à le contrôler et nous c'était plutôt genre rodéo... Alors on l'a bridé, on lui a retiré un peu de voiles et il s'est calmé. Sur un bateau, c'est toujours quand on fait une manœuvre qu'il n'y avait plus besoin de la faire. Par exemple si il y a trop de vent, on réduit les voiles. Aussitôt après le vent tombe. A l'inverse, le vent s'est calmé, on renvoie, le vent revient de plus belle.
Alors c'est bien rigolo de faire les marioles sur le pont, on envoie, on prend un ris, on affale, le vent refuse on vire, mais quand ça fait bientôt trois semaines qu'on est en mer, c'est plutôt "ah le vent tombe, et bah tiens ça fera une pause" et donc là on va un peu moins vite, on digère les deux jours d'avant et on se prépare pour les suivants. Katanka est franchement sous-toilé, marche à 4nds et tout le monde se repose un peu. On ne serre plus les dent à chaque vague, on a plus l'impression de se prendre une bille de bois à chaque lame qui déferle. Le vent devrait remonter fort dans la nuit et ne plus nous lâcher jusqu'à la fin (600 miles restant pour Horta aux Açores) et surtout virer au sud-ouest dans 48h, ce qui sera nettement plus confortable et efficace.
Les pronostics pour les 15 ou 16 mai sont à coup sûr intenables,le 18 plus probablement. Il me reste cinq jours à rêver d'une côte de bœuf.

mercredi 12 mai 2010

La nuit noire



11 mai, 23h10 UTC-2, 37°00N 46°22W, vent 20-25nds.

Si vous avez retenu l'invitation au quart de nuit, ne venez pas ce soir. Sauf si vous affectionnez particulièrement les moments désagréables... Nous avons prié Eole, fait des danses du vent(re) et toutes sortes d'incantations. Eole est venu, assez vite d'ailleurs. Mais nous avons dû omettre de lui dire là où nous allions. Il souffle, ça il souffle, dans notre nez. Il fait siffler les oreilles, sale les cheveux, rince le Katanka à grand seaux d'eau salée. Katanka danse, pas comme une étoile, il est trop lourd bien sûr. Alors il tape sur une vague, cogne dans l'autre et s'écrase sur la suivante. Puis il repart. Il ne semble pas bien à l'aise à ce jeu, et ses passagers non plus. Mais nous savons tous qu'il ne faut pas lâcher. Parce que ce n'est que le hors-d'œuvre. Le plat lourd à digérer arrive dans trois jours et si on ne prend pas d'avance pour déguster le trou Normand, on risque tous une bonne indigestion. Derrière nous arrive une bonne grosse dépression et plus on va dans son centre (au nord) plus les vents seront forts. Alors il faut qu'on tienne bon, qu'on tienne face au vent d'est et à la mer que nous avons pour le moment. Rassurez-vous c'est pas la tempête non plus, ça fait juste un peu phase d'essorage du lave-linge sauf que ça enlève pas l'eau.
Du coup tout est plus compliqué, plus fatiguant. Tout se fait en position diagonale, la cuisine se limite à une assiette de purée, la tenue de marin complète (bottes pantalon et veste de quart) est obligatoire pour mettre le bout du nez dehors. Mais tout ceci sous un ciel bleu pour le moment. Bruno comprend alors bien pourquoi il vient de s'acheter un camion aménagé!
Le ciel bleu c'est le jour. Mais cette nuit la Lune a rendu son tablier, c'est son repos mensuel. Ce soir nous ne la verrons pas. D'ailleurs nous ne verrons rien puisque c'est elle qui nous éclaire la nuit. Dehors on ne voit rien, mais alors rien. Pas même l'horizon, ce qui accentue encore la taille de nos belles vagues. Le seul moyen de les sentir arriver, c'est à l'oreille. Les quarts se font donc à la table à cartes à l'intérieur. Georges barre et nous on fait un tour d'horizon à travers les hublots, instruments en route. Bref on voulait du vent, on en a, ça devrait durer jusqu'aux Açores et on devrait récupérer une partie du temps perdu. Et puis on aura besoin d'une bonne pause à Horta pour se reposer un peu.
Grosses bises à tous

Julien, Bernard et Bruno.

lundi 10 mai 2010

En attendant Eole




Dimanche 09 mai, 14h00 UTC-2, 35°47N 49°41W, pas de vent.

Depuis hier soir c'est week-end. Le "A" de anticyclone sur la carte veut probablement aussi dire "antistress", "antibruit", "antiroulis" et anti tout ce qu'on veut.
Le vent est tombé hier soir, tout doucement. Il nous a quittés alors que nous écoutions un bout des Nocturnes de Chopin en regardant les étoiles. Quand le bruit du génois claquant a commencé à dépasser le volume sonore de la musique, nous avons compris que c'était fini. Plus rien. Nous voilà seuls. Voici notre voile d'avant en position de repos. Comme contaminée, la grand voile s'y est mise aussi faisant résonner tout le bateau à chaque coup de houle. Pris de pitié pour cette pauvre bête,
nous décidons également de lui donner congé. Notre grand bison, alors libre de ses mouvements, se met également au repos, travers à la houle et travers au vent. Intenable. C'est finalement la grand voile renvoyée avec trois ris, bordée à plat et
quelques efforts de Georges notre pilote qui maintiennent le bateau au cap autour de 1 nœud depuis hier soir.
Un nœud c'est à peu près la vitesse à laquelle une mordue de shopping parcourt un centre ville en pleine période de soldes. C'est pas rapide mais il faut s'en faire une raison, pas le choix.
L'anticyclone est bien trop grand et il nous faudrait utiliser toutes nos réserves de gasoil pour en sortir et pour de toute façon se trouver nez à nez avec des vents d'est. Le vent devrait commencer à revenir doucement demain soir et s'établir mardi.
On était pourtant bien convaincus d'avoir du vent, si haut sur la route des dépressions, grosso modo à mi-chemin entre Washington et Gibraltar. On s'était même dit qu'il ne fallait pas aller trop au nord pour ne pas prendre de coups de vent
trop sévères. Il y a 10 jours, à l'endroit où nous sommes il y avait 40 nœuds de vent, du gros temps avec gros nuages, grosse mer, bottes et veste de quart. Aujourd'hui il fait un temps de plein mois d'aout en France. Gros soleil, grosse chaleur,
pieds nus et caleçon. Même la mer qui était descendue à 16°C est remontée à 19°C. J'ai failli sauter à l'eau, histoire de prendre un bain par 5000 mètres de fond. Et ça non plus, pas possible. Des milliers de petites méduses flottent à la surface
de l'eau... Par moment une plus grosse, peut-être la maman ou la nounou, fait son apparition. Et puis aussi régulièrement, probablement des tantes éloignées, des physalia physalis, méduses à voiles aussi jolies que venimeuses, parfois mortelles
paraît-il. Bref pas de baignade.
Un coup de ménage. Ok c'est propre. Pas grand chose à bricoler. Question navigation c'est limité. Tiens on va avancer d'une heure aujourd'hui, ça fera déjà ça de gagné sur l'heure de l'apéro. Une heure de plus. Alors on déculpabilise, on se dit que
c'est le week-end, que c'est pour se reposer et qu'on reprendra mardi matin.
Alors c'est parti pour une journée films et bouquins, demain aussi... Hé on pourrait être à l'usine non?

dimanche 9 mai 2010

7 MAI...Un quart de nuit



07 mai, 12H30 UTC-3, 35°07N, 52°58W. 15nds de vent, mer belle.

C'est assez difficile de raconter ce que nous faisons à bord, mais c'est encore plus difficile d'expliquer ce que nous vivons, ce qui se passe au fond de nous. Les journées se rythment d'elles-mêmes avec des moments partagés, des temps de lecture, de sieste, les repas et un peu de navigation tout de même. Mais la nuit est d'une toute autre ambiance. Les quarts, période de veille obligatoire divisent la nuit en trois temps de quatre heures qui se passent seul. Il faut bien que tout le monde puisse dormir à son tour. Nous allons essayer de vous emmener, l'espace de quelques minutes dans l'ambiance d'un quart de nuit au milieu de l'océan. Pour cela il vous faut un assistant, quelqu'un qui va vous lire ce passage afin que vous puissiez fermer les yeux, vous plonger dans l'obscurité et vous laisser venir le plus près de nous. Ne commencez surtout pas tout seul, vous briseriez votre voyage. Vous êtes prêt? Alors installez vous assis, confortablement, fermez les yeux et laissez à quelqu'un d'autre le soin de vous lire la suite.

Ouvrez ce lien dans une nouvelle fenêtre et lancez la musique de Lorena Mc Kennitt en cliquant sur l'icône de lecture
http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/mc%20kennitt


"Vous êtes assis, vous vous sentez comme si vous vous étiez assoupi, vous êtes toujours chez vous. Il fait nuit et l'ambiance vous semble différente de celle d'hier soir. La plupart des lumières sont éteintes.
Seules deux lumières rouges vous permettent de vous repérer dans cet environnement qui vous est pourtant familier. Tout en restant assis, vous regardez autour de vous. Rien ne semble avoir changé, cependant quelque chose vous trouble. L'ensemble de votre maison est en mouvement, un long mouvement ample et lent qui vous fait vous enfoncer plus profondément dans votre siège à chaque remontée, vous appuyer sur le pied gauche à chaque légère rotation à gauche. Il fait frais, un peu humide et vous avez très envie d'un grand thé brûlant.

Vous vous levez. Chaque pas demande d'être anticipé. Vous traversez la pièce dans laquelle vous vous trouvez en vous tenant de mur en meuble et entrez dans la cuisine. Les verres qui sont dans les placards s'entrechoquent légèrement à chaque coup de roulis. Au fond de l'évier une grande cuillère claque au fond de la casserole que vous n'avez pas eu le courage de nettoyer hier soir. Vous remplissez la bouilloire d'eau, allumez le gaz et restez à côté pour vous réchauffer un peu. Vous versez l'eau chaude dans votre tasse et faites le chemin inverse vers votre bureau avec une seule main pour vous tenir. Vous n'êtes toujours pas très bien réveillé. En passant devant les chambres vous nous trouvez, l'équipage de Katanka en train de dormir. Une petite voix vous dit cependant que vous ne devez pas nous réveiller, que c'est votre tour de veiller et qu'il vous faut être vigilant. Vous n'avez pas le droit d'aller dormir, il n'y a personne d'autre, votre téléphone ne fonctionne pas et vous sentez bien qu'à cet instant, vous êtes la seule âme éveillée. Vous avez au bras une montre qui décompte le temps. le compte à rebours semble avoir commencé à 4h00. La petite voix vous dit que c'est ce qu'il vous reste à patientez seul. Après et seulement après vous pourrez aller dormir.
Un fond d'angoisse commence à se répandre au fond de vous. Vous avez envie d'air. Toujours en vous tenant à chaque pas, vous vous dirigez vers la porte qui donne sur la terrasse. Vous sortez. Votre terrasse est toujours là mais désormais délimitée par un balcon. Votre jardin a disparu et à la place une étendue de mer qui semble infinie. Vous faites le tour de la maison, regardez par chaque fenêtre. Vous ne voyez que de l'eau, il n'y a plus rien d'autre. La boulangerie de l'autre côté de la rue, le voisin fou, les enfants d'en face qui jouent au ballon, tout a disparu. Seulement de l'eau à perte de vue. Vous avez besoin de sortir, c'est là que vous vous sentez le mieux.

En sortant, vous passez devant votre bureau. Un écran de la taille d'un petit ordinateur semble pouvoir vous indiquer où vous êtes. Une grande carte de l'Atlantique y est est représentée. Un petit rond symbolise votre maison. Vous êtes en plein milieu. Un cadran indique "distance parcourue: 2658km", la ligne en dessous: "distance restante: 2166km" et encore en dessous "temps de parcours restant: 9 jours 6 heures et 43 min".

Ces chiffres ne vous sont pas familiers, alors vous comparez ces distances avec celles de vos dernières vacances: 2166 km, Paris-Casablanca, 9 jours... vous aviez eu de la chance, votre directeur vous avait laissé deux jours de plus; 6 heures, c'était le temps de route pour y aller. Vous réalisez alors que le temps va encore être long et qu'il va falloir l'occuper; sans vos amis, sans radio, sans télévision, sans sortir de chez vous et sans communiquer avec le monde extérieur.
Une fois dehors, votre terrasse vous paraît tout petite. Vous vous installez dans votre chaise longue, bercé par le mouvement des vagues et le bruit de l'eau. Vous buvez votre thé qui a un peu refroidi. Il fait noir. Cette nuit, la lune traine à se lever. Peut-être ne se montrera t-elle pas du tout. Alors les étoiles s'en donnent à coeur joie. Vous avez l'impression de pouvoir les attraper. Il y a tellement d'étoiles filantes que vous ne savez plus quel voeu faire. Vous n'avez plus sommeil, plus froid. Vous n'avez plus peur. La musique vous envahit. Vous voudriez partager ce moment mais vous savez qu'il ne serait pas pareil si vous n'étiez pas seul. Alors vous vous laissez aller dans toutes les réflexions que vous n'aviez pas eu le temps d'avoir, que vous ne vous autorisiez pas autrement. Ici rien n'est interdit, vous avez le droit de penser à ce que vous voulez, de rêver à n'importe quoi. Personne ne vous dira que vous n'êtes qu'un doux rêveur et que le vie est bien différente de cela...
Vous semblez apercevoir derrière chaque vague vos monstres d'enfance, celui du fond la cave, du grenier, de dessous le lit et de derrière l'armoire. Ils se sont tous échappés et sont arrivés jusqu'ici. L'angoisse revient. Tous s'approchent de vous. Vous voulez crier. Et puis, à l'intérieur de ces capuches noires, vous croyez reconnaître des visages familiers. Ce sont vos anges gardiens. Ils ont toujours été là, à vos côtés. Ce sont eux qui vous protègent et qui vous guident. Vous ne parvenez pas à leur parler de même que vous ne comprenez pas ce qu'ils disent. Mais c'est comme si quelque chose passait entre vous, un flux d'énergie, une série de messages que vous décoderez le moment venu.

Votre montre indique que les quatre heures se sont écoulée. La petite voix vous dit que vous pouvez aller réveiller quelqu'un pour vous relayer dehors. Vous êtes partagé. Vous continueriez bien votre discussion avec vos anges gardiens mais si vous voulez les retrouver demain et ne pas être fatigué, il vous faut vous reposer.

Vous allez dormir. Vous êtes bercé par la mer. Vous dormez. Vous sentez le jour sur vos paupières. Avant d'ouvrir les yeux vous allez reprendre contact avec votre corps. Bougez légèrement les doigts, les orteils, sentez l'ensemble de votre corps et son contact avec votre fauteuil. Tournez la tête, étirez vous. Vous êtes bien chez vous et rassurez-vous votre maison est elle aussi revenue à sa place.

Nous, nous sommes toujours à la place de ce petit rond sur l'écran et avons encore un bon bout de route à parcourir. Mais si l'envie vous prend, venez prendre un quart de nuit.

Grosses bises.

Jules

mardi 4 mai 2010

dejà des pronostics d'arrivée


4 Mai 6H53 UTC-3 32°06.68N 59°38.21W
A l'Est, l'archipel des Açores...

Enfin nous avons l'impression d'être au milieu de l'Atlantique et plus du Lac Leman, ça fait du bien. Ca fait du bien aussi au loch qui fait défiler les miles à toute vitesse. Un bon 6nds de moyenne depuis hier soir avec 2 ris dans la grand voile
et tout le génois dans entre 15 et 20 nds à 150° du vent. C'est ça qu'on attendait avec impatience. Et puis ça devrait monter encore un peu cette nuit, avec 20-25 nds prévus. Voilà de quoi faire souffler des naseaux de notre Katanka!
Mais ce qui est magnifique, c'est que en plus il fait beau et presque chaud. On ne devrait plus trop perdre de température
maintenant, du moins avant les Açores... Il ne nous reste plus que 5 bons degrés à gagner vers le nord. On peut commencer à imaginer une date d'arrivée aux Açores, probablement entre le 15 et le 16 mai

C'est drôle le bateau parce que c'est long, mais chaque jour on sent bien qu'on a avancé. La lumière change, les jours
rallongent et on se fait avoir à commencer la cuisine du soir à 20h30 alors que les quarts sont sensés débuter à 20H00...
Cette nuit la lune s'est redressée. Le demi-croissant dessinait un vrai D, signe qu'elle décroit. Sous les tropiques il faut pencher sa tête si l'on veut se repérer de la même manière. Il fait de plus en plus frais, plus sec comme les premiers beaux
jours de printemps. On pourrait presque imaginer les premières jonquilles que les enfants emmènent à leurs maîtresses.

Arff, j'allais oublier la journée d'hier... Une journée... mazoutée... Katanka a deux réservoirs de gasoil séparés. Alors quand on arrive à la fin du premier, on passe sur l'autre. Alors hier, on ferme la première vanne, on ouvre l'autre et c'est
là que le drame survint. Le décanteur se met à se remplir d'eau. La nâble (bouchon) mal fermée au départ de Guadeloupe a laissé passer quelques gouttes des paquets de mer qui ont recouverts le pont à la pointe nord d'Haiti. Stop moteur. On vide
une fois, deux fois, trois fois, dix fois et toujours plein d'eau. Alors les grands maux les grands remèdes: la pompe éléctrique avale trente litres de fond de réservoir qui décanteront doucement une fois arrivés aux Açores. Vérification du
filtre, réamorçage, purge. Rien n'a pu arriver à la pompe à injection, ouf. Elle, n'aurait pas aimé du tout et aurait sans doute déposé un préavis de grève...
Bilan: deux bonnes heures en fond de cale, une bonne odeur avant de faire à manger et
surtout un gros coup de bol, ça aurait pu être bien emmerdant.


Et pour le reste c'est toujours une bonne inactivité intense.
Grosses bises à tous!

Julien, Bernard et Bruno.




...et pendant ce temps, ludi et la pitchoune viennent d'atterir ce matin à Paris Charles De Gaulle! Mes garçons, j'ai mis 6h à traverser l'Atlantique from Montreal et ça m'a coûté moins cher que de faire le plein des réservoirs de katanka et des cubits de rouge réunis!!! Comme quoi faut vraiment être fadas pour traverser les océans en bateau!! Sauf que la différence est que la Katanka team peu de faire des gros dodos, des bonnes bouffes et admirer de beaux couchers de soleil, moi sur air transat, j'ai eu droit au fameux paté chinois canadien mais a la méthode enfourne dans le micro-onde du bord, et surtout pas moyen de dormir un seul instant...résultat méga nuit blanche avec ma pepette qui s'est fait un match de foot dans mon bidon pendant 6h! Dur...m'enfin, me voici de retour aux pays et il fait en ce début mai à peine 10 degres!!! Si je leur dis ça à la katanka team, ils vont rester aux açores...qu'en pensez-vous? je crois que je vais me taire...
bises a tous
ludi

lundi 3 mai 2010

Une semaine de mer




2 mai 21h35 UTC-3, 30°20N 61°54W.

Voilà maintenant une semaine que nous sommes partis de Providenciales pour les Açores et l'occasion de donner quelques chiffres. Ils se foutent de moi mes mousses parce que j'arrête pas de faire des calculs, mais bon autant vous donner les résultats!
Alors nous avons parcouru 850 miles depuis le départ et il nous en reste encore 1712 dixit le GPS avec une moyenne d'à peine 120 miles par jour, ce qui est en fait très raisonnable étant donné le petit temps que nous avons rencontré. Passage obligé, l'anticyclone à franchir a demandé au galérien de fond de cale Mr Perkins 73h de ronron presque continues, avalant à lui tout seul 190 litres de gasoil, presque la moitié de notre réserve. Nous on picole moins. De toute façon on a pas le choix, les rations de pinard sont comptées. Aux Turks le gasoil est pas cher, le rouge si... Ouf on avait gardé du rhum et du Calva pour passer le temps...
La météo d'aujourd'hui était pessimiste et tant mieux. On devait passer la nuit au moteur et un petit vent de 8-10 pousse Katanka à près de 5nds sur une mer quasi plate au "près océanique" ça veut dire pas trop serré pour pas trop se faire chier... et demain on devrait arriver près du 32°N qui semble être la limite actuelle des dépressions et attraper des petits airs réguliers et progressivement profiter de vents de 20-25nds des dépressions qui viennent vous apporter du temps pourri chez vous... Et là on devrait (toujours parler au conditionnel pour ce genre de chose...) augmenter la moyenne quotidienne de miles, et par la même occasion préserver les stocks de gasoil et de pinard en cas de coup dur!
Nous avons cet après midi passé le 30ème parallèle nord et ne sommes donc plus sous les tropiques, et à peu de choses près nous sommes à la même longitude que la Guadeloupe. Et à propos de Guadeloupe,j'ai déjà la nostalgie de l'eau à 29°C du départ. Aujourd'hui, 19°C, les douches à l'eau de mer sont déjà plus raides. La nuit ne se tient plus sans chaussures et veste de quart, bientôt la casquette deviendra accessoire.
Pas vraiment de rencontres en mer, quelques cargos de loin, des oiseaux aventuriers des Bermudes et quelques dauphins peu après le départ. Toujours pas de monstres marins ni de légendes de la région. Définitivement c'est des conneries!
Et puis pour le reste ça change pas, pas d'envie de meurtre ni d'abandon du navire, la cuisine des boites devient un savoir faire et les saucisses-lentilles de Bernard ce soir étaient (presque) comme à la maison.
Manifestement mauvais pêcheurs, on a vu de loin une magnifique dorade s'emparer de notre leurre mais manifestement elle n'a soit pas apprécié la blague, soit trouvé que ma barbe qui pousse n'était pas à son goût et, de quelques coups de queue bien
envoyés a retrouvé sa liberté emmenant avec elle une magnifique imitation de poulpe phosphorescent...Depuis rien, elle a du passer le mot.
En fait c'est juste cool, comme ça doit être et on a bien le temps de rêver c'est fait pour ça une transat'!

Jules Bernard et Bruno.