mercredi 12 mai 2010

La nuit noire



11 mai, 23h10 UTC-2, 37°00N 46°22W, vent 20-25nds.

Si vous avez retenu l'invitation au quart de nuit, ne venez pas ce soir. Sauf si vous affectionnez particulièrement les moments désagréables... Nous avons prié Eole, fait des danses du vent(re) et toutes sortes d'incantations. Eole est venu, assez vite d'ailleurs. Mais nous avons dû omettre de lui dire là où nous allions. Il souffle, ça il souffle, dans notre nez. Il fait siffler les oreilles, sale les cheveux, rince le Katanka à grand seaux d'eau salée. Katanka danse, pas comme une étoile, il est trop lourd bien sûr. Alors il tape sur une vague, cogne dans l'autre et s'écrase sur la suivante. Puis il repart. Il ne semble pas bien à l'aise à ce jeu, et ses passagers non plus. Mais nous savons tous qu'il ne faut pas lâcher. Parce que ce n'est que le hors-d'œuvre. Le plat lourd à digérer arrive dans trois jours et si on ne prend pas d'avance pour déguster le trou Normand, on risque tous une bonne indigestion. Derrière nous arrive une bonne grosse dépression et plus on va dans son centre (au nord) plus les vents seront forts. Alors il faut qu'on tienne bon, qu'on tienne face au vent d'est et à la mer que nous avons pour le moment. Rassurez-vous c'est pas la tempête non plus, ça fait juste un peu phase d'essorage du lave-linge sauf que ça enlève pas l'eau.
Du coup tout est plus compliqué, plus fatiguant. Tout se fait en position diagonale, la cuisine se limite à une assiette de purée, la tenue de marin complète (bottes pantalon et veste de quart) est obligatoire pour mettre le bout du nez dehors. Mais tout ceci sous un ciel bleu pour le moment. Bruno comprend alors bien pourquoi il vient de s'acheter un camion aménagé!
Le ciel bleu c'est le jour. Mais cette nuit la Lune a rendu son tablier, c'est son repos mensuel. Ce soir nous ne la verrons pas. D'ailleurs nous ne verrons rien puisque c'est elle qui nous éclaire la nuit. Dehors on ne voit rien, mais alors rien. Pas même l'horizon, ce qui accentue encore la taille de nos belles vagues. Le seul moyen de les sentir arriver, c'est à l'oreille. Les quarts se font donc à la table à cartes à l'intérieur. Georges barre et nous on fait un tour d'horizon à travers les hublots, instruments en route. Bref on voulait du vent, on en a, ça devrait durer jusqu'aux Açores et on devrait récupérer une partie du temps perdu. Et puis on aura besoin d'une bonne pause à Horta pour se reposer un peu.
Grosses bises à tous

Julien, Bernard et Bruno.

2 commentaires:

Marylène a dit…

Hé du bateau !
Ca fait plaisir de suivre de nouveau vos aventures et de savoir qu'une autre est en préparation, d'un autre genre (coucou pépette)... Bon, y'a vraiment moyen de venir prendre un quart ? Vous avez une idée de ce qui se passe pour vous à partir des Açores et à quelle date ????
Bonvent, mais pas trop quand même,
Marylène

manue a dit…

Salut à tous,
La Loire Atlantique suit vos aventures palpitantes.
Merci de nous faire voyager en rêve sur le plancher des vaches.
Bon courage et bises à tous.
Manue